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La situation de la femme en Europe au XXIe siècle

L’Europe est souvent considérée comme un modèle en matière de droits des femmes et d’égalité entre les sexes. Il est vrai que le continent européen a connu d’importants progrès dans ce domaine au cours du XXe siècle et du début du XXIe siècle, grâce aux luttes des mouvements féministes et à l’action des institutions européennes. Cependant, la situation de la femme en Europe reste marquée par de nombreux défis et inégalités, qui ont été accentués par la crise sanitaire, économique et sociale provoquée par la pandémie de COVID-19.

Selon le rapport 2020 de l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), l’indice d’égalité de genre, qui mesure les écarts entre les femmes et les hommes dans divers domaines (travail, argent, connaissances, temps, pouvoir, santé, violence), a atteint 67,9 points sur 100 en 2019 dans l’Union européenne (UE), soit une progression de 5,4 points depuis 2010. Toutefois, ce chiffre cache de fortes disparités entre les États membres, allant de 84 points pour la Suède à 53 points pour la Grèce. De plus, le rythme du changement est très lent : à ce rythme, il faudrait plus de 60 ans pour atteindre l’égalité complète entre les femmes et les hommes dans l’UE.

Parmi les domaines où les inégalités sont les plus marquées, on peut citer :

Le travail. Les femmes sont moins présentes sur le marché du travail que les hommes (67 % contre 79 %) et occupent plus souvent des emplois à temps partiel (31 % contre 8 %). Elles sont également sous-représentées dans certains secteurs, comme les sciences, la technologie, l’ingénierie ou les mathématiques (STEM), où elles ne représentent que 18 % des diplômés et 17 % des professionnels. Elles sont aussi plus exposées au risque de pauvreté et d’exclusion sociale, notamment en raison du travail domestique et de soins non rémunéré qu’elles assument majoritairement (79 % contre 34 %).

L’argent. Les femmes gagnent en moyenne 14 % de moins que les hommes par heure travaillée dans l’UE, ce qui se traduit par une pension de retraite inférieure de 30 %. Cette différence s’explique par plusieurs facteurs, comme la ségrégation professionnelle, le plafond de verre, les interruptions de carrière liées aux responsabilités familiales ou encore la discrimination salariale. Les femmes sont aussi moins propriétaires que les hommes (59 % contre 71 %) et disposent de moins d’actifs financiers.

Le pouvoir. Les femmes sont largement minoritaires dans les sphères de décision politique, économique et sociale. Elles ne représentent que 32 % des membres des parlements nationaux, 28 % des ministres et 7 % des chefs d’État ou de gouvernement dans l’UE. Elles occupent également seulement 18 % des postes de direction dans les grandes entreprises et 27 % des postes de direction dans la recherche. Elles sont aussi moins présentes dans les médias, tant comme sources d’information que comme productrices de contenu.

La santé. Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes (84 ans contre 78 ans), mais elles souffrent davantage de problèmes de santé chroniques ou invalidants. Elles ont aussi un accès limité aux services de santé sexuelle et reproductive dans certains pays, où l’avortement est interdit ou restreint. Elles sont également plus vulnérables aux violences sexistes et sexuelles, qui touchent une femme sur trois dans l’UE au cours de sa vie.

Face à ces défis persistants, l’UE a adopté en novembre 2020 une nouvelle stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2020-2025), qui vise à renforcer l’action européenne dans cinq domaines prioritaires :

Mettre fin à la violence fondée sur le genre et aux pratiques néfastes.

Garantir l’égalité économique et professionnelle entre les femmes et les hommes.

Assurer l’égalité dans la prise de décision privée et publique.

Promouvoir l’égalité et le respect des droits des femmes et des filles dans le monde.

Intégrer la dimension de genre dans toutes les politiques et actions de l’UE.

Cette stratégie s’inscrit dans le cadre du Pacte vert européen, qui vise à faire de l’Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050, et qui reconnaît le rôle essentiel des femmes dans la transition écologique. Elle s’appuie également sur le Plan de relance pour l’Europe, qui prévoit 750 milliards d’euros pour faire face aux conséquences de la pandémie de COVID-19, et qui intègre le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes comme un critère transversal.

La situation de la femme en Europe au XXIe siècle est donc contrastée : si des progrès indéniables ont été réalisés, des inégalités structurelles subsistent et appellent à une mobilisation continue et renforcée de tous les acteurs, à tous les niveaux, pour construire une Europe plus juste, plus inclusive et plus durable pour toutes et tous.

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Pour en savoir davantage:

EIGE’s publications | European Institute for Gender Equality (europa.eu)

Stratégie en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes (europa.eu)

Pacte vert pour l’Europe – Consilium (europa.eu)

Un plan de relance pour l’Europe – Consilium (europa.eu)


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